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          Il est inutile de présenter le célèbre Domaine Huet qui élabore des vins d'une belle finition, toujours à contre-courant des modes académiques. A côté des secs, demi-secs & moelleux, il existe un blanc pétillant - à la hauteur d'un grand champagne - qui mérite tous les éloges.

         D'une jolie robe vieil or, il nous offre des bulles lilliputiennes qui dansent dans nos flûtes - parfois comme un élégant tourbillon - & éclatent presque discrètement à la surface du vin : nous n'entendons qu'un léger crépitement, comme des feux d'artifices ou des applaudissements lointains. Aussi agréable à voir que délicieux au nez : il y a une pléthore de parfums raffinés comme des notes de pain azyme, de safran, de noisette moulue, de poire cuite, de gelée de coing, de crème pâtissière & de racine de gentiane.

        Nous trouvons en bouche plus ou moins les mêmes nuances, qui se détachent l'une de l'autre ou s'entremêlent, mais apparaissent graduellement des touches de pêche de vigne, de litchi & surtout une pointe de pierre calcaire & quelque chose d'indéfinissable qui ressemble vaguement à l'amertume du zeste de pamplemousse ou/& aux prunelles. Franc, léger, très pur, ciselé, harmonieux, rond, mûr, profond à mesure qu'il s'aère, structuré, avec une acidité bien mesurée & ajustée à l'ensemble qui lui donne beaucoup de fraîcheur & de persistance. Il convient de déboucher la bouteille deux jours à l'avance, comme la quasi totalité des blancs de Vouvray. Mariage idéal avec des saint-jacques sautées & des girolles dans leur propre jus, de la sole meunière avec de la purée de céleri & du soufflé de potimarron : le menu du réveillon de Noël.

       Cependant, il y a aussi un revers à la médaille : Noël Pinguet - le fils spirituel de Gaston Huet - a quitté la célèbre cave, à cause d'un désaccord abyssal avec la nouvelle propriétaire, la famille américaine Hwang : un effet pervers de la mondialisation dans le secteur des affaires.